Les nibelungen by poulpy

Pour les nombreuses personnes qui ne connaitraient pas la mythologie germanique il est sûrement bon de commencer par donner quelques infos : Nibelungen est le nom donné à un peuple de nains. Mais l’histoire que je vais vous racontée n’est malheureusement pas que centrée sur nos cousins allemands. En fait il va s’agir d’un conte très populaire là-bas et qui vous intéressera peut-être :

Je vais vous présenter un projet sur lequel je travaille, et sur lequel ont travaillé beaucoup de gens avant moi : Fritz Lang, Wagner, Tolkien, Leiji Matsumoto, Carl Otto Czeschka, Arthur Rackam… Tout ces gens ont laissé derrière eux un travail formidable mais peu connu du grand public. C’est pourquoi, aujourd’hui, je vais moi même m’intéresser à cette œuvre qu’est « Les Nibelungen » afin de vous faire découvrir cet univers et quelques personnes ayant travaillés dessus.
Le texte dont il est question ici est en fait la deuxième version de l’histoire des Nibelungen. La première version, ayant peu de rapport avec celle-ci, date d’une période bien antérieure. Cette version est décrite dans les Eddas, des manuscrits regroupants les premiers textes de la mythologie nordique ainsi que des poèmes. Mais celle dont je vais vous faire le récit est en fait une rhapsode. En d’autres thermes, cette critique est centrée sur la chanson des Nibelungen parce qu’étonnamment c’est la version la plus récente de l’histoire qui a eu le moins d’honneurs, et donc qui est la moins connue.

Il est plus simple de diviser cette histoire en deux partie comme Fritz Lang l’a fait. La première partie est plus épique car elle a pour héros Siegfried, un très célèbre héros germanique. Elle parle de sa quête où il s’empare du trésor des Nibelungen, caché sous une montagne et de son combat contre le dragon Fàfnir dont il ressortira quasi indestructible. Puis, l’élément le plus important, sa rencontre avec Brunhild et ses efforts pour conquérir Kriemhild qui deviendra sa femme. Le récit s’achève à la mort de celui-ci qui sera le déclencheur de la seconde partie : la vengeance de Kriemhild.

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Mini moi, qui a lu l’histoire dans son intégralité, peut vous dire une chose : elle est vraiment pas facile à suivre. Pas par sa complexité, car pour la comprendre il faut lire entre les lignes afin de mieux appréhender les actions des protagonistes. Non, en fait son problème c’est qu’elle est longue et extrêmement répétitive, comme toute bonne rhapsode en fait. On a donc droit à des Truckmuch le grand, le glorieux Machinimprononçable, fils de Nomdemeubleikea à chaque paragraphe (ou strophe). Sans oublier les résumés de la phrase précédente avec un élément en plus… Pour faire durer je suppose. C’est pourquoi les tournures de phrases employées vont vous paraitre étranges, si vous vous sentez d’humeur pour cette lecture. Son plus gros défaut est qu’elle n’est pas facile à suivre surtout si on veut se remémorer le background de tout le monde. De plus je trouve important de parfois se concentrer sur les émotions des personnages pour les rendre plus vivants et ce n’est pas du tout le cas. Et puis il y a des fois où on se fout un peu de certains détails en fait… Malgré tout ça j’ai trouvé que ça valait le détour parce qu’elle est étonnamment profonde (l’histoire). Les choix de chacun sont le plus souvent dictés pas la jalousie jusqu’à ce que tout dérape et que la trahison de tous les amis du héros, vraiment trop parfait, conduise à sa mort. Puis il s’agit aussi de la condition de Kriemhilt, de tous les affronts qu’elle devra supporter pour enfin prendre sa revanche d’une façon vraiment effroyable qui conduira à la mémorable fin si bien retranscrite dans le film quelques siècles plus tard.

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Le film quand à lui est plus lisible et n’a pas vraiment vieillit. Réalisé par Fritz Lang en 1924 (il existe aussi des remakes mais ils sont beaucoup moins bons) il eu un réel succès à l’époque. Il y a maintenant une grande polémique sur le sujet car en plus de compter parmi mes préférés, il compte aussi, malheureusement, parmi ceux d’Hitler. Et ça vous vous en doutez ce n’est pas une bonne pub. Mais avant que vous fassiez l’amalgame en croyant que c’est un film nazi, je vous rassure il n’en n’est rien et franchement si monsieur Lang était un nazi ou un colabo il n’aurait pas du tout conçu un scénario tel que celui de Metropolis. En fait je peux comprendre qu’il ait plu à ce dictateur moche parce que il représente un symbole de la culture arienne et donc de son idéal… Totalement erroné. C’est dommage de couvrir de honte ce chef d’œuvre avec des préjugés et des idées préconçues parce que comme dirait mon papa : c’est pas parce que ont aime les lapins qu’on à envie de faire comme le Zodiak. Donc si ça vous rassure ce réalisateur n’est pas du tout antisémite, sa mère était d’ailleurs juive, et en plus c’est un grand artiste et un visionnaire.

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Vu son âge vous vous doutez que c’est un film muet, en noir et blanc. Ce qui m’a le plus frappé, et ça dès la première scène, c’est la beauté et la symétrie des décors et costumes. Il aime marier des formes simplistes, des triangles le plus souvent, pour créer des plans tel des fresques. Un autre de ses procédés que l’on retrouve dans l’intégralité de ses films est qu’il utilise des figurants comme ornements pour symboliser des colonnes ou encore un pont et mettre en valeur la puissance des seigneurs etc… Il a travaillé en étroite collaboration avec Carl Otto Czeschka qui avait illustré un livre pour enfant avec de très belles gravures que je vous recommande de visionner. Les acteurs sont magnifiques, surnaturels et ils jouent leurs rôles à merveille comme seuls des comédiens de films muets savaient le faire. L’interprétation de Margarete Schön est incroyable dans le rôle de Kriemhild (elle fait vraiment peur). Le seul problème c’est les Huns… Oui parce qu’ils ne ressemblent pas du tout à des Huns et que, pour l’élément humoristique, ils sont moches et stupides. Moi qui m’imaginais le peuple fier à la dothraki en lisant le texte, j’ai été désappointé.

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Il y a aussi Fàfnir : les images de synthèses n’existant pas il fait un peu trop maquette animée qui bouge la tête… Mais le reste des effets spéciaux est bien réalisé. C’est quand même très théâtrale et symbolique, j’aime mais ça peut déranger si vous n’avez pas le feeling. C’est une grande production pour l’époque et il a couté bien cher puisque tout à été filmé en studio, de la forêt à la charge de cavalerie. Bien sûr le reproche qu’il faut bien concéder, c’est qu’il paraît lent par rapport à ce qu’on voit maintenant mais rassurez-vous, vous n’aurez pas l’air de gros bourges si vous l’appréciez. Rappelez-vous : c’est un poème épique moyenâgeux donc il n’y a pas de références « païennes » dedans puisque l’on assistait à l’époque au monopole de l’Église. Ça n’a donc rien à voir avec l’opéra de Wagner, comme dit précédemment. Et il n’y a pas non plus de clichés héroic fantasy parce que ça n’existait pas. C’est un ovni. Je vous recommande cette œuvre. En plus… Il y a des nains!

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